1 "Si JKR se soucie de l'écriture, elle devrait s'arrêter." Lun 24 Mar 2014 - 23:46
~¤elyon¤~
Je voulais vous faire partager ça il y a quelques jours déjà. Si vos réactions à la lecture de cet article sont à la hauteur de la mienne, on va former un club d'excédés.
A vos beuglantes/soupirs/développements ^^
Le respect de la charte est toujours imposé, mais vous pouvez vous lâchez sur les "vieille harpie/chouette" etc si ça vous soulage. Ou bien, comme moi, vous lâchez tout derrière l'écran avant de reprendre votre respiration et de reprendre les choses sereinement
Actualitte a écrit:Il ne faut pas croire que n'avoir jamais lu aucun tome d'Harry Potter empêchera Lynn Shepherd, romancière, de dégainer une tribune bien sentie contre Rowling (intitulée "Si JK. Rowling se soucie de l'écriture, elle devrait arrêter d'écrire.", rien que ça !). Car elle ne s'en prend pas aux livres de la saga, mais bien à la divinité littéraire qu'est devenue l'auteure écossaise. Simplement, elle déplore, facilement, que des adultes se soient lancés dans la lecture de ces livres - alors qu'il existe, précise-t-elle, des ouvrages « sûrement plus stimulants ». (dixit Lynn: "Je pense que les adultes les lisant sont une honte, [...] car il y a tellement d'autres livres qui sont sûrement plus excitants pour des esprits adultes. Mais, bon, n'importe quelle lecture est déjà meilleure que ne rien lire, n'est-ce pas ?".) Attaque en règle…
« Ce n'était pas seulement le battage médiatique tristement excessif » que Lynn regrette, mais bien « la façon dont il a éclipsé tout le reste. Ce livre a aspiré l'oxygène de l'édition et toute l'atmosphère de la lecture ». Une analogie intéressante, qu'elle pousse même jusqu'au monopole, parce qu'il est, pour un autre ouvrage, « impossible de survivre, et moins encore, de prospérer. Publier un livre est déjà difficile dans le meilleur des cas, en particulier dans un secteur déjà bien trop obsédé par les Grands Noms et les Succès Assurés, mais que peut faire un auteur ordinaire devant un tel Golgomath ? ».
Personne ne ratera l'allusion : Golgomath est un géant de l'univers d'Harry Potter, le chef d'entre eux, d'ailleurs, après avoir décapité le Gurg de la colonie. Pour de plus amples détails, toute ironie mise de côté, on vous renvoie à la lecture des 7 tomes de Potter.
Et comme si ce n'était pas suffisant, après la déferlante Potter, voici que Rowling remet le couvert avec son pseudonyme, Robert Galbraith. Et en dépit des efforts réalisés pour dissimuler son identité, le secret a été rapidement évincé - quelques mois après la parution du livre, evidemment. « Son garçon peut recourir à une cape d'invisibilité, mais dans le monde réel, cela n'existe tout simplement pas. Avec un secret aussi sensationnel que ça, ce n'était qu'une question de temps jusqu'à ce qu'arrive ce qui s'est passé », note Lynn.
Autrement dit, que les ventes, qui étaient dérisoires, ne fassent soudainement un bond stratosphérique. Les médias s'en sont alors emparé, et voilà que les articles se multiplient, comme les petits pains dans les mains du Christ, et avec eux, le retour de la célébrité que Rowling cherchait à fuir. Maintenant que l'on sait qu'une suite aura lieu, c'en est fini pour les autres auteurs.
Lynn apostrophe alors la romancière : « Souviens-toi du moment où l'Appel du Coucou s'était vendu à quelques exemplaires, et pense à ceux d'entre nous qui sont coincés dans cette situation, parce que nous ne pouvons pas avoir une baguette magique, et faire de nos ouvrages des best-sellers en une nuit, simplement en prononçant le mot magique. »
Elle continuera d'écrire, Lynn, bien entendu, pour les enfants, et elle encourage tout un chacun à continuer, même pour leur plaisir personnel. La fin est pourtant d'une douloureuses amertume : « Profitez bien de votre immense fortune, et du bien que vous faites avec elle. Prélassez-vous dans l'amour de vos légions de fans, et bonne chance à vous, pour vos deux comptes. Mais il est temps de laisser la place à d'autres écrivains, d'autres écritures, une place pour respirer. »
Ce qui aura choqué la profession, c'est avant tout le manque de connaissance sur le milieu éditorial, de la part de Lynn. Partout sur les forums réunissant des auteurs, on déplore son attaque. Penser - et écrire - que Rowling aurait « aspiré l'oxygène de l'ensemble de l'édition et toute l'atmosphère de la lecture », est une grossière erreur.
La première des choses à noter, c'est qu'un livre qui ne marche pas, commercialement, c'est avant tout un livre qui n'a pas su trouver de public - ou que le public n'a pas réussi à mettre la main dessus. En soi, le propos de Lynn n'est pas faux : les tables de libraires sont surchargées, ici comme ailleurs, et un best-seller qui assure des revenus à la librairie sera plus facilement mis en place que des titres qu'il faut défendre. Mais d'un côté, les libraires font aussi des choix éditoriaux - et de l'autre, la vente en ligne permet à chacun de trouver sa place dans le coeur des lecteurs.
En somme, tout euro que Rowling empoche n'est pas nécessairement un euro qu'elle prend à Lynn. C'est un peu la même problématique que celle du piratage : un fichier partagé n'est pas une vente perdue. C'est même plutôt une vente qui n'aurait peut-être pas eu lieu.
Comment nier l'impact global et positif de Rowling ?
L'autre enjeu, c'est celui de l'économie du livre. Dans toute maison, ou presque, il existe un gros vendeur, qui tire la couverture à lui, mais permet également à l'éditeur de publier des oeuvres qui ne gagneront pas, ou peu d'argent. Et à regarder comment Bloomsbury, éditeur historique de Rowling, a pu développer sa structure, avec la manne financière apportée par JK, l'exemple crève les yeux.
Et loin d'avoir sclérosé le marché, Rowling a apporté un souffle économique dans l'édition mondiale, mais également, par le biais des produits dérivés, dans tous les secteurs possibles et imaginables - sans même parler des revenus liés aux différentes adaptations cinématographiques. Considérer que le genre Young Adult - un nouveau pan de l'édition mondiale - ne doit rien à Rowling, c'est là encore méconnaître sérieusement son sujet.
L'autre conséquence, plus désagréable pour Shepherd, se retrouve sur Amazon : les commentaires sont d'une violence rare de la part des fans de Potter, qui n'ont rien trouvé de mieux pour conspuer celle qui attaquait Rowling, que de sabrer les commentaires de ses livres. Des messages indignés, et des attaques qui renvoient au centuple celle de Lynn. Surtout qu'elle avait reconnu, dès les premiers mots de son courrier, qu'elle n'avait lu aucun des livres de Rowling…
Chose amusante, un auteur s'est fendu d'une contre-réponse : Mark Pryor implore la romancière de « ne pas arrêter d'écrire ». Et d'évoquer son fils, âgé de neuf ans, qui a lu chacun des livres de Potter… et qui, grâce à eux, s'est découvert une passion pour la lecture. « Plus de livres de votre part, signifie plus de lecteurs pour nous, pas moins. Nous ne pouvons pas nous retrouver avec le même nombre de lecteurs que vous. Mais ce n'est pas grave : je me contenterai des chiffres de ventes de [John] Grisham (et d'un petit château). »
De la place pour tous, et des lecteurs pour chacun : le cri d'alarme de Lynn Shephred ressemblait donc bien à un hurlement de détresse, qu'à une doléance fondée - ou même une analyse réelle du marché du livre. Anne Rice, qui a ressuscité les vampires dans le monde moderne des années 90, ne dit pas autre chose.
Elle évoque un « article vicieux, cynique, plein de ressentiment, et bien laid. C'est épouvantable. Je n'ai jamais rien vu d'aussi malveillant dirigé vers un acteur, un peintre, un danseur de ballet, une chanteuse d'opéra, un réalisateur. Non, c'est le genre de petite critique condescendante rancunière, qui est, pour je ne sais quelle raison, réservé à notre monde d'écrivains. Et cela a été écrit par quelqu'un qui est écrivain et se rend doublement mauvais et choquant. »
Et d'assurer la romancière, Rowling, pas l'autre, que ses meilleurs voeux l'accompagnent, elle autant que tous les autres auteurs qui font face à des attaques aussi « outrageantes ». « Dans ma vie de romancière, j'en suis arrivée à croire que nous sommes seulement en concurrence avec nous-mêmes, quand nous nous efforçons de faire de notre mieux. Il y a beaucoup de place, pour une multitude d'efforts couronnés de succès, dans un monde en constante évolution, pour les livres et les lecteurs. Et il y en aura toujours. »
A vos beuglantes/soupirs/développements ^^
Le respect de la charte est toujours imposé, mais vous pouvez vous lâchez sur les "vieille harpie/chouette" etc si ça vous soulage. Ou bien, comme moi, vous lâchez tout derrière l'écran avant de reprendre votre respiration et de reprendre les choses sereinement
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♥ Philly ♥