C'est une interview de JKR faite pour le numéro d'un magazine (ou d'un journal ?) dont la direction a été assurée par Emma Watson, d'où la mention de l'avis de cette dernière (qui sait effectivement tout sur son personnage, surtout ce qu'elle veut y voir). Le Sunday Times cite les passages de l'interview tels quels, entre guillemets, etc. Mais l'interview ne sortira que jeudi dans son intégralité.
En tout cas, moi ça va m'empêche de dormir (c'est déjà le cas), parce que : "very little to do with
literature and far more to do with me clinging to the plot as I first imagined" : késako ? Qu'est-ce que Harry/Ginny ou Harry/Hermione auraient de plus "littéraire" que Ron/Hermione ? La thérapie de couple, c'est sûr que ce n'est pas un lieu commun contrairement à l’œdipe mal digéré de Harry, mais bon... Pourquoi il y a d'un côté la littérature et de l'autre côté l'intrigue (alors que la qualité de ses bouquins repose sur une forte intrigue qui n'est pas toujours soutenue par d'autres qualités littéraires) ? J'espère être éclairée sur ce point.
Dans
Expiation de McEwan, Briony écrit dans l'épilogue que c'est l'auteur qui détient les fils de l'histoire et que c'est lui qui pose les limites de son œuvre, puis elle se demande si elle a bien écrit son histoire, si elle l'a menée là où il le fait et si elle a répondu à ses attentes mais aussi à celles de ses lecteurs. Finalement, elle déclare que même si l'auteur possède son œuvre, il ne peut pas faire ce qu'il veut parce qu'il a (a priori) des lecteurs et que ces lecteurs ont aussi leur imagination et qu'il faut bien leur laisser penser ce qu'ils veulent, en leur donner les clés nécessaires pour avoir une vision possible et cohérente de ce qui se passe dans les non-dit. J'en conseillerais bien la lecture à JKR parce que je pense qu'elle a assez écrit pour qu'on puisse à la fois imaginer que Ron et Hermione sont heureux en ménage / que Ron dit à Hugo de faire le contraire de ce que sa mère lui a ordonné / qu'ils ont besoin d'une thérapie de couple / qu'ils font des concours de jet d'urine comme ça l'est suggéré dans HP and the ten years later et que Hermione est meilleure que Ron. Je ne prends pas sa déclaration pour vraie, mais je suis un peu un chien et je n'aime pas qu'on essaye d'empiéter sur mon imagination, c'est mon territoire.
Quand Stephen King émet des critiques sur ses livres, ça ne me dérange pas, parce qu'il parle de revirements de l'intrigue, de choses qui auraient mérité d'être mieux expliquées, de passages qu'il juge peu ou pas assez motivés après coup ; il juge ce qu'il a écrit, en gros, pas à ce qui se passe après la fin du livre, et qui, à mon avis, appartient plus au lecteur qu'à l'auteur. Et il est plus cohérent dans ses critiques que JKR.
Je vais relire Ricoeur, Barthes et Brooks cette nuit.