Ce qui m'a intéressée dans HP, ce ne sont pas toutes les questions qu'on retrouve dans plein de bouquins (ou dans de magazines pseudo trop tolérants)(quoique le traitement soit assez subtile dans HP) comme l'amour qui transcende tout ou sur l'acceptation des autres malgré l'apparence, c'est le problème de la liberté.
Certes, Dumbledore affirme que ce sont nos choix qui montrent qui on est vraiment, mais jusqu'où Harry est maître de son destin ? On voit assez vite qu'il prend beaucoup d'attaques dirigées à la base contre ses amis personnellement et que c'est parce qu'il est bon au fond qu'il ne se met pas immédiatement en situation de vendetta dès que Malfoy lui tend une perche mais est-ce que quelqu'un qui prend autant les faits à cœur aurait pu se défaire du destin qu'un tiers lui aurait choisi ? Jusqu'à quel point était-il libre de choisir de se confronter ou non à Voldemort, d'endosser le rôle d'élu décidé par un tiers ? À chaque fois qu'il a remis son statut en question, il semblait toujours finir par se résigner et à accepter le sens que Voldemort a donné la prophétie. Du coup, je trouve la réponse de Dumbledore très intéressante : " Tu dois ? dit Dumbledore. Bien sûr que tu le dois! Mais pas à cause de la prophétie. Tu le dois parce que toi, toi-même, tu ne pourras vivre en paix tant que tu n'auras pas essayé. La prophétie, comme toute prédiction, n'a aucune valeur."
La valeur du choix de Harry n'est pas fondée - et ne doit pas l'être - à partir de ce que quelqu'un a décidé pour lui, mais elle doit partir de ce qui est bon pour lui et pour le reste, même si le tiers dont il est question se bat pour une autre raison (qui est invalidée comme on le sait), et au pire, si la prophétie doit être acceptée et suivie, Harry le fait pour le Bien réel (qu'il a confondu souvent avec le bien apparent) qu'il choisit pleinement.
Pour répondre à la question, j'ai donc réalisé et surtout mis en pratique définitivement que mes choix et l'application qui en découlait impliquaient nécessairement des gens que je ne connais peut-être pas mais que je dois quand même prendre en compte parce que faire le mal en ignorant, je ne trouve pas ça joli joli, donc dans la limite du possible (je ne vis pas dans une cabane en bois et je ne chasse pas le mammouth régulièrement, malheureusement), j'essaye d'avoir un mode de vie sain, donc pas de chocolat si je ne sais pas d'où il vient, je suis végétarienne, je n'achète que ce dont j'ai besoin quand j'en ai besoin (et dans la mesure du possible, j'essaye de ne pas me créer de besoins)(bon ok, ça fait un peu Weasley, vivons minimalistes mais vivons bien). J'aime bien savoir que ce que j'achète a été créé dans des conditions décentes et pas par des gens aussi bien considérés par les entreprises que Dobby l'était par les Malfoy. Bref, HP m'a appris que j'avais "the power to imagin better".
Sauf que toute seule, mes choix ne servent à rien. Un autre point qui m'a paru intéressant dans HP, c'est qu'on ne peut rarement faire de grandes choses tout seul et qu'il ne faut pas avoir peur de demander de l'aide. Harry n'aurait rien fait sans Dumbledore, Ron et Hermione, sans le soutien permanent d'Arthur et Molly. Harry est souvent coincé et il y a toujours eu une main salvatrice, même là où on ne s'y attendait pas du tout. Je trouve très joli que les personnages réguliers aient tous eu leur valeur à un moment donné dans l'intrigue, même les plus mauvais, même si c'était indirect (Malfoy a assez indirectement sauvé la vie de Harry grâce à l'amour que sa mère lui porte, en plus de l'avoir fait plus directement devant Bellatrix). En dehors des personnages vraiment mauvais ou trop stupides, tout le monde a fini par avoir un petit rôle dans l'histoire, ne serait-ce en rejoignant Harry dans le combat final. Quand j'étais mal dans mes baskets, ça me faisait un peu espérer et ça m'a donné envie de croire qu'on avait tous une valeur, que personne n'était une erreur de la nature (sauf Crabbe et Goyle) et qu'on pouvait tous finir par avoir une utilité, il fallait juste en être convaincu et ne pas perdre espoir.
(Désolée pour le pavé, haha.)