mlloradu18 a écrit:maintenant si on parle de voldemort, il est vrai qu'il me fait penser à Adolf Hitler car ils ont le même but "exterminer une race"
...Comme tous ces gens qui ont orchestré des génocides mais ça ne me viendrait pas à l'esprit de dire que Voldemort est Pol Pot et que les nés-Moldus/Moldus sont des khmers musulmans, ou des Armémiens ou des Tutsis.
McGonagall a écrit:on ne peut pas nier qu'il y a des similitudes et tous les écrivains s'inspire de faits réels pour leur fiction, non? moi je le crois. Donc sans doute que c'est pas innocent ^^
// Un peu HS //
L'histoire et les faits réels n'apparaissent que rarement en tant que tels dans la littérature. Ils arrivent dans le champ littéraire parce que l'auteur a formé un imaginaire autour - pour les faits de but en blanc, on a les livres d'histoire et les journaux. L'Histoire façonne l'imaginaire qui la transforme dans la littérature. Il y a une base de départ qui est rapidement transformée et c'est à l'auteur de lui apporter une valeur nouvelle, par le biais de son imaginaire.
Madame Bovary (mauvais exemple vu le mal qu'elle a à susciter l'intérêt, certes) serait profondément inintéressant si Flaubert s'en était tenu à la version publiée sur le journal. Plus proche (et dans le contexte), les écrivains déportés racontent rarement ce qui s'est réellement passé à Auschwitz ou Buchenwald (auquel cas ils seraient des historiens) : chez Wiesel (il me semble chez Semprun aussi) on retrouve le motif des flammes s'échappant des crématoires ; or il a été attesté que jamais rien de tel ne s'était produit.
Dès qu'il apparait en littérature, le réel est transfiguré et transgressé (et c'est pourquoi je trouve les études biographiques assez vaines et inintéressantes, que JKR ait été assise sur le siège passager d'une Ford Anglia, c'est sympa trois secondes). Le réel n'est pas suffisant pour expliquer une œuvre, qu'il soit ou non le grand point départ, l'intérêt de la littérature n'est pas de le faire coïncider exactement avec des évènements qui ont pu avoir lieu. Je ne suis pas absolument contre les théories historico-biographistes mais une œuvre littéraire (comme picturale) doit fonctionner par elle-même, elle doit pouvoir être pensée en dehors du passé, sinon elle n'est pas achevée ni aboutie. Penser que Voldemort est une représentation de Hitler n'apporte pas grand chose au récit (Voldemort était assez effrayant comme ça, jusqu'à ce qu'on l'entende rire et faire un free hug à Draco dans le 7.2) donc soit on se fourvoie, soit Rowling s'est plantée dans sa réécriture. Elle a comme nous un imaginaire d'occidentale mais si son Voldemort est censé devoir être rapproché de Hitler, elle ferait une piètre historienne, elle se limiterait aux bouquins d'histoire de troisième où le nazisme est expliqué en trois paragraphes et cinq images. Voldemort en serait appauvri plutôt qu'enrichi.
Quant à la piqûre de rappel, encore faut-il savoir de qui on parle. Autant je doute du poids véritable qu'ont pu jouer les romans de Victor Hugo, autant l'homme d'idées a eu un rôle non négligeable et un seul de ses discours contre la peine de mort a sûrement été plus utile que cent lectures du
Dernier jour d'un condamné. De même, si Harry Potter transmet des valeurs morales très sympathiques, JKR leur donne beaucoup plus d'importance et de rayonnement en étant engagée chez Amnesty International et en parlant de ses autres associations caritatives (et on peut remplacer JKR par les lecteurs et la HPA).
De plus, je doute très fortement qu'une date mentionnée à tout casser cinq fois et portant sur un personnage pas vraiment central pousse les enfants à s'interroger sur ce qui a bien pu se passer chez les Moldus au même moment.
Le parallèle avec le nazisme n'est pas dénué de sens mais c'est parce qu'il est le Mal absolu, le seul qui a pu détrôner Satan. Si on était obsédés par Pol Pot et non pas par Hitler, on y verrait sûrement autre chose.